Entre sables fins et eaux transparentes, si la réputation des plages du Yucatán n’est plus à faire, moins nombreux sont celles et ceux qui connaissent les cenotes pourtant caractéristique unique de la région. Entre deux visites de sites Maya, la découverte et surtout la baignade dans un cenote est idéal pour se détendre et se rafraîchir dans un cadre exceptionnel. Il en existerait entre 2000 et 5000 dans la péninsule, toutefois ce sont des écosystèmes particulièrement fragiles et souvent sacrés pour les communautés autochtones. Il est important d’adopter un comportement adapté afin de les préserver, ci-dessous une sélection de 5 cenotes hors des sentiers battus à découvrir !

Une formation géologique unique

Mais qu’est-ce qu’un cenote ? Ces surprenants puits gorgés d’eau douce se rencontrent presque exclusivement dans la Péninsule du Yucatán et sont le fruit d’un travail d’érosion étonnant. En effet, leur présence s’explique par l’impact d’un astéroïde il y a plusieurs millions d’années. Ce dernier a laissé un cratère béant, le cratère de Chicxulub, qui forme un bassin dont les extrémités sont parsemées de cenotes.

La composition du sol du Yucatán étant poreuse, les eaux souterraines ont érodé le calcaire construisant des cavernes et des puits, les cenotes. Il existe plusieurs formes de cenotes, plus ou moins ouverts et accessibles. Les spéculations sont grandes sur le nombre de cenotes, les plus hautes estiment qu’il y aurait plus de 10.000 cenotes répartis dans la Péninsule !

Des sites sacrés pour les Mayas

L’étymologie de cenote vient du mot Maya d’zonot, qui signifie littéralement “trous d’eau”. Dans une région qui ne comporte pas de fleuves ni de lacs ou autres réserves d’eau conséquentes, l’accès en eau douce qu’ils représentaient était d’une grande importance pour de nombreuses villes préhispaniques. Par exemple, la ville Maya de Chichén Itzá se trouve à proximité de 5 cenotes.

Selon les croyances Maya, ils étaient la demeure de Chaak, le dieu de la pluie et constitue l’entrée de l’inframonde. Représentant la porte vers Xibalbá considéré comme le domaine des morts, ils étaient le lieu de cérémonies qui rendaient hommage aux dieux du monde souterrain. De telles cérémonies s’accompagnaient de sacrifices humains comme à Chichén Itzá dans le Cenote sacré. Après l’effondrement de la civilisation Maya, les cenotes ont gardé cette dimension religieuse et des cérémonies et des rituels s’y tenaient pendant la colonisation espagnole.

Un écosystème fragile

De nos jours, les cénotes continuent d’être un lieu à part dans la culture des descendants Maya. Ils sont par ailleurs des écosystèmes uniques qui abritent une biodiversité propre à ces derniers. Les eaux translucides, aux reflets parfois émeraudes grâce au soleil, doivent leur couleur à une fragile équilibre de micro-organismes.

Il est essentiel de respecter quelques règles afin de les protéger. Les crèmes solaires, même biodégradables, ainsi que les répulsifs contre les insectes sont à proscrire avant la baignade. Ces derniers affectent la biodiversité, préférez donc des vêtement légers et couvrants, où des chapeaux pour vous protéger du soleil à la sortie de la baignade. De fait, les cenotes sont souvent à l’ombre, l’exposition au soleil y est moindre.

De même, il est aussi important de ne pas déplacer, ou “prendre un souvenir” un élément trouvé dans les cenotes. De la même manière, il faut emporter avec soi ses déchets au moment de quitter les lieux. La pratique d’un tourisme responsable est décisif dans la protection de ces espaces naturels hors-du-commun.

 

Aujourd’hui, certains cenotes reçoivent une grande quantité de touristes, via des tours organisés, sur la journée par des complexes hôteliers. Ces tours comptent souvent 100 dollars pour la journée et le fruit du tourisme ne profite que très peu aux communautés locales.

Il est pourtant possible de visiter les cenotes de manière indépendantes. Une voiture de location est la meilleure solution pour les découvrir, certains isolés sont accessibles par des routes de piste. Il est toutefois possible de s’y rendre en transport collectif, taxis et mototaxis pour ceux qui sont les plus éloignés. Ces derniers sont toujours indiqués par des pancartes et les mototaxis, présents des grandes villes au petit village, connaissent le chemin.

Les droits d’entrée varient généralement entre 5 pesos (20 cts d’euros) et 200 pesos (7,5 euros). Les cenotes accessibles au public disposent souvent d’un accès pour aller se baigner, que ce soit un escalier en bois ou une plateforme en béton.

Cenotes X Batún et Dzonbacal - San Antonio de Mulix

Situés à 50 km au sud de Mérida, X Batún et Dzonbacal sont proches de la petite localité de San Antonio de Mulix. Ces deux cenotes sont remarquables par l’observation de la biodiversité que l’on peut y faire muni d’un tuba.

Comment s’y rendre ? 

Depuis Mérida, il faut prendre la direction du sud sur la route 261 en direction du Yaxcopoil où il est possible de visiter l’hacienda du même nom, une ancienne ferme de l’âge d’or de Mérida. En sortant du village prendre la route à droite en direction de l’ex hacienda Cacao, au bout de 15 km vous arriverez à San Antonio de Mulix. Il faut compter une cinquantaine de minutes de trajet depuis Mérida.

 

A l’entrée du site, il faut s’acquitter d’un droit d’entrée, votre ticket. L’argent récolté bénéficie directement à la communauté de San Antonio de Mulix.

Deux kilomètres de distance séparent l’entrée du premier cenote. Il est possible de louer des vélos auprès de la coopérative familiale Xuuk Eek à quelques mètres en passant l’entrée. Cette dernière gère l’ensemble de l’écosite. Elle propose à la location des équipements de plongées, des logements en cabanes et offre un service de restauration. Des douches, obligatoires avant la baignade, et des toilettes font partie des équipements disponibles.

X Batún

Ce premier cenote doit sa popularité au tournage d’une telenovela, un feuilleton particulièrement regardé “Abismo de pasión”, qui a pris le cenote pour décor pour plusieurs scènes. Cela est compréhensible à la vue du site : avec les racines des arbres tombant dans l’eau et une luxuriante végétation tropicale, c’est en effet un décor hors-du-commun !

Il est recommandé de s’y rendre relativement tôt avant l’afflux de visiteurs. X Batún est un cenote ouvert, c’est-à-dire qu’il est facilement accessible sans besoin de s’engouffrer en profondeur via des escaliers vertigineux comme cela peut être le cas sur d’autres cenotes.

Niveau dimensions, X Batún fait 25 mètres de largeur et peut atteindre 20 mètres de profondeur !

Dzonbacal

 

Le deuxième cenote du site, est moins populaire et sa fréquentation est très inférieure. Dzonbacal est un cenote semi-immergé, une grotte aux eaux cristallines. Peu profond sur les premiers mètres, il est possible d’observer facilement ses fonds. Pour les amateurs confirmés, il se prête bien à la plongée !

Cenote Kankirixche

Non loin de San Antonio de Mulix, entre le village de Abalá et Mucuyché se trouve le cenote Kankirixche. A l’écart de l’afflux touristique, il est géré et mis en valeur localement par une communauté Maya.

Comment s’y rendre ?

Depuis San Antonio de Mulix, il faut retourner sur ses pas et prendre la route 261 en direction d’Abalá. À 5 kilomètres après le village, une piste sur la gauche est indiquée avec le panneau “Ruta de los cenotes”. Kankirixche se trouve à 2 km après l’intersection.

 

Le nom de Kankirixche vient du Maya et signifie “Fruit jaune de l’arbre”. C’est un cenote semi-ouvert. Pour atteindre des eaux turquoise, il faut emprunter un escalier, quelque peu vertigineux, qui descend d’une quinzaine de mètres ! Une fois en bas, une impressionnante perspective se profile : une grotte souterraine spacieuse arborant stalactites et stalagmites mais aussi des racines allant de la surface du sol jusqu’au profondeurs du cenote. A prendre en compte, l’horaire le plus intéressant pour visiter Kankirixche est entre midi et quatorze heure. Au zénith du soleil, les jeux de lumière dans l’eau sont plus appréciables.

Cenotes de Pixyá : Noh Mozon, Nah Ya, Suhem

Situés à 50 km au sud-est de Mérida, trois cenotes se trouvent dans les environs de la petite ville de Pixyá.

Comment s’y rendre ? 

Depuis Mérida, il faut emprunter la route 184, vers le sud en direction des villes de Acanceh et de Tecoh. Une fois dépassées ces dernières, vous arrivez à la petite ville de Telchaquillo. Ce village à l’instar d’autres communautés de la Péninsule est ouvert aux visiteurs et souhaite faire connaître sa culture et ses origines.

A partir de Telchaquillo, il faut quitter la route pour une piste en direction de Pixyá. La piste en terre est également fréquentée par des troupeaux de vaches, prudence !

Le premier cenote sur la route est Nah Ya. Avec 22 mètres de longueur et 24 de largeur, il peut atteindre une profondeur de 27 mètres. A proximité se trouve le cenote Suhem avec ses lianes gigantesques qui descendent jusqu’au ras de l’eau.

Un peu plus à l’écart de Pixya, le cenote Noh Mozon est le moins visité et le plus tranquille. Il est également le plus grand des trois et le plus impressionnant. Noh Mozon est un cenote ouvert accessible par un escalier en bois plongeant à 9 mètres en dessous de la surface. Une fois sur la plateforme à hauteur de l’eau, le cenote s’étend sur 30 mètre de large et a une profondeur allant jusqu’à 45 mètres. Pour les plongeurs chevronnés, c’est un spot idéal !

 

Cenote Yokdzonot

Le village de Yokdzonot se situe à un peu plus d’une heure de route de Mérida allant à Valladolid, non loin de ruines de Chichén Itzá. Contrairement à d’autres cenotes autour de Valladolid, Yokdzonot est un exemple en termes d’exploitation durable et responsable du cenote.

Comment s’y rendre ? 

Depuis Mérida, il faut prendre la direction de l’est sur la route 180 jusqu’au village de Yokdzonot. 100 kms séparent Mérida du cenote. Depuis Valladolid, il faut également emprunter la route 180 de l’est vers l’ouest pour arriver au village après 65 kms. Une fois arrivés au village, des panneaux indiquent l’entrée du cenote.

En 2005, un groupe de femmes a commencé bénévolement le déblayage et l’habilitation touristique. Elles ont également créé une coopérative regroupant les familles du village, en majorité Maya.

Aujourd’hui, la Coopérative emploie plus de 15 personnes dont une grande majorité restent des femmes. Les profits de l’activité touristique du lieu reviennent à la communauté de Yokdzonot. Parmi les infrastructures proposées par la communauté, le site compte un restaurant, des douches et toilettes, un camping. Du côté des activités, il est possible de faire de la tyrolienne, louer des vélos, descendre en rappel les 20 mètres de parois du cenote !

Cenote Lol Ha

Non loin de Chichen Itzá, le Cenote de Lol Ha dans la petite localité de Yaxuna est une autre option de baignade après la visite des incontournables ruines préhispaniques. Il également géré par un centre communautaire.

Comment s’y rendre ? 

Pour atteindre Yaxuna, au niveau de Pisté sur la route 180 qui relie Mérida à Valladolid, prendre alors la direction de Yaxuna. Le village de Yaxuna, bien qu’à seulement 25 km de Chichén Itzá, reste à l’écart de l’afflux touristique. Les parois du cenote sont particulièrement abrupts : la descente dans le cenote ouvert de Lol Ha est difficile et s’effectue par une échelle droite. Il n’est pas conseillé de s’y rendre avec des enfants. Lol Ha est particulièrement adapté pour la pratique du snorkeling.