Maya, le pays des points d’interrogation

Lorsque les conquistadors espagnols envahirent le Mexique et les terres d’Amérique Centrale, ils découvrirent à leur grande surprise des peuples dont la caste sacerdotale disposait d’une culture en lecture et en écriture extraordinairement développée et qui avait des connaissances en mathématiques, en astronomie et en sciences calendaires ignorées des envahisseurs. On en vint rapidement aux mains diabolisant cet ancien savoir, tuant prêtres et novices et brûlant quasiment tous les écrits. Toutefois, quelques rares codex ont survécu et ont traversé les siècles comme par miracle. A partir de ceux-ci, de reliefs muraux et de glyphes ciselés dans la pierre, les américanistes de notre époque essaient de donner une image des anciennes grandes cultures mayas, olmèques, toltèques, zapotèques et de savoir comment s’appelaient tous ces peuples.

 

Les connaissances calendaires des Mayas étaient incroyablement développées

Ils connaissaient – dans quel but ? – la durée de l’année synodique de Vénus (c’est-à-dire vue de la terre), 584 jours, et chiffraient l’année terrestre à 365,2421 jours. Ce chiffre est plus exact que celui de notre calendrier grégorien qui annonce 365,2424 jours. Huit années solaires correspondaient à cinq périodes de Vénus. Les Mayas maniaient des périodes de l’ordre de 400 millions d’années dans leurs calculs ! Ils nous transmirent une équation de Vénus qui devait aider à calculer la date de retour des dieux.

En fait, les Mayas utilisaient deux calendriers qui fonctionnaient en parallèle. Le « calendrier haab » comptait 365 jours, comme le nôtre, tandis que le « calendrier tzolkin » n’en avait que 260. Il s’agissait d’un calendrier maya spécial de 260 jours doté de 20 symboles. C’est un cycle annuel purement cultuel se divisant en 13 périodes de 20 jours. Les deux calendriers s’achevaient au bout de 18 980 jours, soit 52 ans.

Après ce cycle de 52 ans, les Mayas organisaient des fêtes. A quoi servait le « calendrier tzolkin » avec ses 260 jours ? Il était inutilisable pour les saisons terrestres. Étrange : une planète hypothétique située entre Mars et Jupiter, là où évoluent aujourd’hui les astéroïdes, faisait le tour du soleil en 5,2 ans (1898 jours). Serait-ce le cycle maya ?

Un troisième cycle, appelé « compte long » en archéologie, marque le commencement de l’ère maya. Qui correspondrait d’après notre calendrier au 11 août 3114 av. J.-C. A cette époque, les Mayas n’existaient pas encore.

Pourquoi donc ont-ils choisi cette date précise pour commencer leur calendrier ? Que s’est-il passé ce jour-là ?

Le calendrier solaire des Mayas se base sur une année de 360 jours à laquelle furent rajoutés cinq jours non comptabilisés. L’année s’appelait tun. L’unité suivante était le katun, qui correspondait à 20 tun ; le baktun valait 20 x 20 ans, soit 400 tun ; 20 x 400 ans constituait un pictún ou 8000 ans.

Des cycles encore plus grands étaient également connus, il s’agissait des kalabtun, kinchiltun et alautun, rarement utilisés pour des calculs de dates pratiques. D’après d’autres calculs, les indications de divers calendriers coïncidaient au bout de 374 000 années. Le commencement de l’ère maya est transposé différemment dans notre calcul du temps par les spécialistes, certains parlent de « 3113 av. J.-C. », d’autres de « 3391 av. J.-C. ». Personne ne sait comment ont été fixés ces points zéro, car d’après les archéologues, aucune trace de haute culture antérieure à environ 1500 av.J.-C. n’a pu jusqu’à présent être détectée en Amérique Centrale.

Les points fixes remontant loin dans le passé ou les dates précises anticipant loin dans l’avenir, des dates où se rejoignent les calendriers en dépit de différentes durées en une date « zéro », en un nouveau commencement, ont été expliqués par l’arrivée et le retour des dieux civilisateurs. Ils avaient des traits bien étranges, ces dieux, dont le chef était Quetzalcoatl ou Kukulkan. Sur les illustrations, ils portent des appendices en forme de trompes ou d’utricules ou se déplacent dans des éléments appelés « serpents à plumes ».

Peut-être était-ce un pressentiment de la conquista à venir – mais les architectes des prêtres Mayas eurent un éclat de génie dans leur volonté de décrive de façon indestructible l’arrivée et la promesse de retour des dieux pour la postérité. Dans la pyramide de Chichen Itza, dédiée à Kukulkan, apparaît deux fois par an, lors des solstices, une bande de lumière et d’ombre, qui monte et descend les marches créée par les escaliers, les balustrades et la position même de la pyramide.

Le dieu Kukulkan est venu chez les hommes et il reviendra. Tel est le message qui a traversé les siècles.

 

N’est-ce qu’une histoire fantastique ? Y a-t-il des réalités cachées ? La Méso-Amérique abonde de mystères

Palenque : Cette pyramide maya (Mexique) située dans l’état du Chiapas abrite une merveille archéologique.

C’est par hasard que l’archéologue Alberto Ruz Lhuillier y découvrit une tombe en 1952. Le « temple des écritures », c’est ainsi que se nomme la pyramide, a fait sensation dans le milieu de l’archéologie et a permit d’établir un lien indéniable avec les pyramides funéraires d’Égypte.

L’accès à la crypte voûtée était fermé par un couvercle de sarcophage de cinq tonnes qui présente de très riches sculptures difficilement interprétables. Cette dalle mesure 3,80 x 2,20 mètres et est ornée de bandes contenant des signes glyphiques. Son centre est occupé par une représentation figurée, dans le style maya tel qu’il était à son apogée. Les chercheurs pensent qu’il s’agit d’une représentation symbolique d’un prince des prêtres maya appelé Pacal (= bouclier) qui a contribué à la réputation du centre maya de Palenque (la métropole a connu son apogée autour de 650-800 ap. J.-C.). On y voit un homme allongé sur le dos avec les genoux repliés sur lui et dont la tête semble être restituée sur une sculpture en stuc retrouvée dans la chambre funéraire. Derrière lui, une figure en forme de croix semble se détacher, avec, à son extrémité supérieure, ce qui est sans doute un quetzal stylisé. Symboles du civilisateur Kukulcan (Kukumatz, chez les Toltèques Quetzalcoatl = serpent à plumes).

Le tombeau, le mort, la dalle monolithique, les glyphes sont énigmatiques. Qui va déchiffrer le message du tombeau ? Depuis des décennies, les interprétations succèdent aux interprétations.

Bon nombre d’entre elles intègrent des références astronomiques. Le « voyage vers les étoiles » aurait-il été représenté de façon stylisée ?

Le colossal ensemble de pyramides de Teotihuacán près de Mexico présente des liens avec l’astronomie qui portent à réflexion. Ce complexe prouve que la Méso-Amérique était « fermement entre les mains des dieux » bien avant les Mayas, car les êtres célestes Tecciztecatl et Nanahuatzin se seraient transformés en soleil et en lune en ce lieu entouré de légendes.

La pyramide du soleil de cette ancienne ville atteint 63 mètres de hauteur, sa base mesure 222 x 225 mètres pour un volume de plus d’un million de mètres cubes. Elle n’a pas été construite en plusieurs étapes mais d’un seul trait ; parmi les autres monuments présents sur ce site, on trouve la « pyramide de la lune » et la pyramide Quetzalcoatl célèbre par sa façade richement décorée.

Personne ne sait qui étaient ces prêtres architectes qui ont planifié la construction de Teotihuacán. La seule chose sur laquelle on soit d’accord, c’est que Teotihuacán est la plus ancienne civilisation du haut plateau mexicain et que le début des travaux remonte à environ 1000 avant J.-C. A cette époque, Rome n’existait pas encore. Rome a dû être fondée vers 753 av. J.-C. Dans la lointaine Égypte, la 21ème dynastie était au pouvoir ; le monde des dieux classique grec naissait en Grèce et dans l’Ancien Testament, le jeune David venait tout juste de triompher du géant Goliath.

Une route de parade longue de trois kilomètres et large de 40 mètres est tracée du nord au sud. On l’appelle « Camino de los Muertos » (chemin des morts).

C’est une artère de luxe flanquée de pyramides et de plates-formes de temples à droite et à gauche. Au nord, le boulevard affiche une pente de 30 mètres, si bien qu’une personne qui vient du sud a l’impression que la route de parade, mène au ciel.

Il en est toujours ainsi de nos jours ; une personne qui se trouve en bas de la rue voit un escalier sans fin aux marches régulières qui, au bout de trois kilomètres, se fond avec la pyramide de la lune. En revanche, dans le sens inverse, c’est-à-dire depuis la pyramide de la lune, on ne voit qu’une route droite, toutes les marches ont été effacées comme par magie. Les mystérieux planificateurs de la ville de Teotihuacán devaient être des hommes de l’âge de pierre, comme le pensent officiellement les érudits.

Tout arpenteur-géomètre d’aujourd’hui peut vous expliquer à quel point il est difficile de mesurer une distance de trois kilomètres de manière à ce qu’à intervalles réguliers, tous les quelques mètres, six marches et une plate-forme soient relayées par six nouvelles marches et une nouvelle plate-forme et qu’à la fin du parcours en pente, le jeu de marches et de plates-formes se fonde au centimètre près en une pyramide géante. Aucune marche, aucune plate-forme, aucun interstice ne devait dévier de la norme. Une planification de l’âge de pierre ? Il doit y avoir d’autres explications.

Lors du congrès international des américanistes qui s’est déroulé au Mexique en 1974, un certain M. Hugh Harleston a présenté un compte-rendu passionnant qui a semé la confusion parmi les spécialistes. Harleston a recherché à Teotihuacán, une mesure unique applicable à tous les bâtiments.

Il a découvert que cette unité de mesure était de 1,059 mètres et l’a baptisée du nom maya de « hunab », qui signifie « unité ». C’est la base métrique de Teotihuacán qui peut être utilisée sur tous les bâtiments et parcours de Teotihuácan. La pyramide de Quetzalcoatl, celle du soleil et de la lune mesurent exactement 21, 42 et 63 « unités » et ont donc un rapport de 1:2:3 entre elles.

M. Harleston a travaillé avec un ordinateur. Cet ordinateur a fait resortir des données qui ont quasiment désespéré les chercheurs. Dans les troncs de pyramide autour de la citadelle, il découvrit les trajectoires moyennes des planètes Mercure, Vénus, Terre et Mars. La distance moyenne par rapport au soleil était de 96 « unités ». Mercure avec 36, Vénus avec 72 et Mars avec 144 « unités » en étaient à bonne distance. Peu après la citadelle coule un ruisseau que les bâtisseurs de Teotihuacán ont déplacé pour en faire un canal artificiel. Ils firent passer ce canal sous la rue des morts. Mesurant 288 « unités », il marque précisément la distance par rapport à la ceinture d’astéroïdes, située entre Mars et Jupiter. Et dans cette ceinture d’astéroïdes, on retrouve des milliers et des milliers de morceaux de pierre, comme dans un ruisseau.

A 520 « unités » de la ligne médiane de la citadelle, à partir de laquelle sont mesurées toutes les distances, se trouvent les fondations d’un temple inconnu. Elles correspondent à la distance par rapport à Jupiter. 945 « unités » plus loin apparaît un autre temple dont il n’existe plus que les fondations dans le sol.

 

Le bâtiment marquait Saturne

Et pour finir, 1845 « unités » plus loin, au bout de l’allée des morts, le centre de la pyramide de la lune, coupe précisément l’orbite d’Uranus.

Si l’on poursuit le tracé de la ligne droite de la rue des morts, on se rend compte que celui-ci gravit le sommet du Cerro Gordo qui se trouve derrière. Là aussi, on trouve les vestiges d’un petit temple et d’une tour dressée sur d’anciennes fondations. L’arc de cercle de 2880 et 3780 « unités » marque les éloignements moyens de Neptune et de Pluton.

La rue des morts de Teotihuacán se révélait ainsi être le modèle réduit du système solaire. Il faut noter que la grande pyramide du soleil ne fait pas partie de ce système, elle n’est pas non plus dans l’axe droit mais est sur le côté du boulevard de parade.

La vénération que les Mayas et les autres peuples d’Amérique Centrale portaient à leurs dieux apparaît également dans les représentations figurées. S’agissait-il d’hommes habillés en dieux, d’illustrations de véritables événements ou seulement de personnages fantastiques ?

A quelques kilomètres du petit village de Santa Lucia Cotzumalguapa, dans la jungle du Guatemala, on a découvert des sculptures en pierre de l’époque maya. L’une de ces stèles, la pièce n° 27, est devenue célèbre. Si l’on en croit les archéologues, elle représente un joueur de balle. Haute de 2,54 mètres et large de 1,47 mètre, elle est décorée d’un personnage protégé par un casque et portant une combinaison étroite. Dans le dos, il porte un réservoir, comme un plongeur ou un astronaute. Un tuyau en forme de trompe conduit au casque, l’air expiré sort par le casque dont l’ouverture pour la bouche a été dessinée par l’artiste comme la gueule d’un jaguar. Un point reste obscur cependant, à savoir comment les joueurs de balle ont-ils pu supporter le rituel sacré, vêtus de la sorte.

L’interprétation du tuyau comme la queue d’un opossum que porte le vainqueur du jeu de ballon autour de son cou montre la difficulté qu’ont les américanistes à interpréter des représentations fondées sur des vestiges technologiques.

A 1950 mètres d’altitude, à environ 5 kilomètres à l’ouest de la ville de Oaxaca de Juarez, on trouve le Monte Alban, célèbre site archéologique mexicain. Ce centre, situé sur un haut plateau à quelque 400 mètres d’altitude, remonterait à 700 av.J.-C. – 300 ap.J.-C. Ses bâtisseurs étaient le peuple des Zapotèques, remplacés par les Mixtèques et les Aztèques.

Le Monte Alban présente encore des temples et des pyramides bien conservés dans lesquels on a également découvert des chambres funéraires. Les archéologues ont expliqué de diverses manières les représentations des dieux figurant dans les reliefs avec leurs surprenants tuyaux en forme de trompe d’éléphant.

. Pourquoi faire commencer un calendrier par une date apparemment fictive ? Pourquoi ces chiffres et ces connaissances astronomiques qui, d’après nos connaissances, n’étaient pas utilisés à des fins pratiques et n’étaient pas importants pour la culture de ces peuples ?

. Qu’est-ce qui a motivé ces peuples à documenter « pour l’éternité » leurs connaissances calendaires précises et les « visites des dieux » cycliques dans la pierre et la forme des pyramides, comme c’est le cas pour la pyramide de Chichen Itza ? Teotihuacán – imposante ville de pyramides au cœur du Mexique. Si ancienne que même les Aztèques ne savaient rien de ses bâtisseurs. Comparable, dans ses dimensions uniquement, aux pyramides de Gizeh. A-t-elle été conçue comme reproduction du système solaire ?

. Les anciennes connaissances calendaires / astronomiques se sont conservées non seulement dans la pierre mais également dans la culture. A l’attention des touristes, les quatre voladores, c’est-à-dire quatre « hommes volants » attachés à un mât, font le tour du mât en question à treize reprises. 4 x 13 = 52, le chiffre sacré des Mayas, le rythme auquel les dieux annonçaient leur retour.

. Comment expliquer l’une des trouvailles les plus importantes des archéologues ? La dalle de Palenque, montre le prince Pacal sous un aspect qui a généré des dizaines et des dizaines d’interprétations. Du sacrifice symbolique au célèbre motif de l’astronaute. La dernière traduction faite par les chercheurs mayas des glyphes entourant le portrait de Pacal parle de sa montée au ciel jusqu’à la Voie lactée. Qui était Pacal, le prince des Mayas ? Que dit la mythologie, le Popul Vuh ou le Chiolam Balam sur le rapport hommes/dieux et sur les voyages dans les étoiles ? Retrouve-t-on le « motif de Palenque », la même forme de représentation de Pacal dans d’autres parties du monde ?

. Il faudra un miracle pour identifier réellement ces dieux représentés sur les reliefs et les dessins muraux des temples : à Monte Alban, au-dessus de Oaxaca, ces êtres sont pourvus de trompes bizarres comme celles des éléphants. Sur la stèle d’El Baul, Guatemala, une sorte de tuyau part du casque du prétendu joueur de balle et rejoint un réservoir porté sur le dos. Des êtres merveilleux et des mondes merveilleux qui n’en finissent pas de nous étonner !

. Et dans le parc olmèque « La Venta » près de Villahermosa (Mexique), on a trouvé une stèle de trois mètres de hauteur représentant un être descendant du ciel vers la terre. Avec un casque parfait, les pieds orientés vers les nuages et les bras tendus vers les hommes. Absolument fabuleux !

. Le crâne en cristal de Lubaantun venant du Belize est aujourd’hui encore considéré comme une merveille archéologique. S’il ne s’agit pas d’un faux, nous avons là un artéfact devant lequel capitulent l’artisanat moderne et l’industrie actuelle. Les experts attestent qu’aucune méthode connue autrefois n’aurait permis de fabriquer un tel objet.