La Musique mexicaine et Pedro Infante

El danzon est une danse populaire apparue en 1879 à Cuba et très implantée au Mexique ; dans la ville de Mérida, adultes, jeunes et enfants dansent sur les places deux ou trois fois par semaine au rythme de l’orchestre. Les salles de danse des grandes villes attirent les amateurs de danzon, merengue, mambo, rumba, salsa, rock, … À Mexico : Bar Leon (Brasil 5), Salon Tropicana (Lázaro Cárdenas 43), Salon Mexico (Callejón de San Juan de Dios 25). Originaires du Jalisco, les mariachis sont les symboles de la culture mexicaine. Présents à toutes les fêtes, ils chantent accompagnés de trompettes, de violons et de guitares.

 

Pedro Infante, une voix toujours vivante

 

Par Sergio Soliz

 

Pedro Infante occupe une place privilégiée dans la galerie des Mexicains les plus célèbres. Décédé dans un accident d’aviation à l’âge de 40 ans, sa courte vie ne l’a pas empêché d’être acclamé dans plusieurs domaines. En tant que chanteur populaire, il a interprété plus de 300 chansons et a tourné, comme acteur principal, dans plus de 60 films, dont beaucoup ont été un succès au box-office, non seulement au Mexique mais aussi dans presque toute l’Amérique latine.Sa mort prématurée a touché le cœur de ses admirateurs qui affirment qu’ils n’ont jamais trouvé un artiste avec cette combinaison d’humilité, de charme, de charisme et de voix.

 

Pedro, un homme du peuple

Pedro Infante, chanteur, acteur, aviateur, charpentier, barbier et gymnaste, était surtout un homme du peuple qui, même à son apogée, restera fidèle à la simplicité de ses origines. Ses interventions à la radio sont loin de refléter la pétulance de l’étoile et lors de ses interviews, il passe son temps à remercier son public qui est, selon lui, à l’origine de toute sa gloire.

Né à Mazatlan, (ville du Nord-Ouest du Mexique, dans l’Etat du Sinaloa), en 1917, Pedro Infante vient d’une famille modeste. Quatrième fils d’une fratrie de quinze, il a dû quitter l’école très tôt pour pouvoir aider économiquement sa famille. Il a choisi la menuiserie, un travail qu’il aimait et dont il parlait avec une véritable fierté. « C’était le travail du Christ » dit-il, lorsqu’on l’interroge à ce sujet.

 

Le chanteur

Delfino Infante, père de Pedro, était professeur de musique et jouait avec talent de plusieurs instruments. En fait, c’est lui qui a transmis à son fils l’amour de la musique populaire mexicaine.  Dès son jeune âge, Pedro partagera son passe-temps artistique avec la menuiserie. Son entrée dans le monde du spectacle est lente mais consistante. A 16 ans, il forme « La Rabia » (La Rage), son premier groupe musical, qui sera rapidement connu dans tout le Sinaloa.

Bientôt la scène locale devient trop petite et Pedro Infante décide de s’installer dans la capitale où il jouera dans différents centres et espaces culturels. En 1939, il chantera pour la première fois dans une émission de radio et, des années plus tard, en 1943, il enregistrera « El soldado » (Le Soldat), sa première tentative pour s’approcher du grand public.

Connu pour être un véritable admirateur des « rancheras » (genre musical très populaire au Mexique, amplement lié aux mariachis), Pedro Infante a enregistré plus de 300 chansons dans ce domaine. Beaucoup d’entre elles sont devenues immortelles grâce à sa voix. C’est le cas de « Amorcito corazón », « Bésame mucho », « Dicen que soy mujeriego », « Te quiero así », « Cien años » et « La que se fue ».

 

La musique a été aussi pour Pedro Infante un tremplin vers le cinéma. Recruté dans le film « La feria de las flores » (1943) afin de renforcer la voix de l’acteur, il est catapulté vers la gloire et devient l’un des acteurs et chanteurs les plus célèbres du cinéma mexicain. Il incarne, dans ses rôles, le Mexicain idéal : brave, humble, cavalier émérite, viril, séducteur, habile dans le maniement des pistolets et bagarreur endurci.

 

Pedro Infante et le cycle de l’or mexicain

La Seconde Guerre Mondiale a été un terrain fertile pour le développement de l’industrie cinématographique au Mexique. L’Europe et les États-Unis ont utilisé leurs ressources limitées dans ce domaine pour faire de la propagande politique en réalisant des films de guerre. Cela a permis au cinéma mexicain, qui traitait des thèmes plus variés, de se consolider et de se développer non seulement au Mexique mais aussi dans toute l’Amérique latine.

Dans ce contexte historique, acteurs, réalisateurs, musiciens et artistes firent carrière. Le cinéma mexicain, à cette époque, imitera le Star System d’Hollywood et Pedro Infante deviendra l’une des étoiles choyées du cinéma mexicain. Pedro Infante a été l’acteur principal dans plus de 60 films tournés entre 1939 et 1957.

Ses films les plus réussis ont été dirigés par Ismael Rodriguez Ruelas, cinéaste mexicain à la carrière remarquable, connu par avoir dirigé des acteurs de renom comme Dolores del Rio, Maria Felix, John Carradine, Basil Rathbone et Toshirō Mifune, l’acteur fétiche du réalisateur japonais Akira Kurosawa. Sous la direction d’Ismael Rodriguez, Pedro Infante devient un acteur à la popularité exceptionnelle, une véritable icône pour un large public d’amateurs de mélodrames. Comme exemple, il suffit de citer la célèbre trilogie : « Nosotros los pobres » (1947), « Ustedes los ricos » (1948) et « Pepe El Toro » (1952).

 

 

Pedro Infante n’est pas mort !

Pedro Infante vouait une véritable passion à l’aviation. Pilote expérimenté, il avait accumulé près de 3000 heures de vol. Le 15 avril 1957, il est aux commandes d’un B-24 Libertador, bombardier américain très utilisé durant la seconde guerre mondiale. Peu après le décollage, l’avion s’écrase en plein centre de la ville de Mérida, tuant sur le coup Pedro Infante ainsi que deux personnes au sol.

Mais une rumeur circule après cet accident : Pedro Infante n’est pas mort. L’acteur aurait eu une liaison amoureuse avec l’épouse du président Ruiz Cortines (président du Mexique de 1952 à 1958), déclenchant la soif de vengeance de ce dernier. L’homme qui pilotait l’avion était-il vraiment Pedro Infante ? Ou bien s’agissait-il d’une autre personne, faussement identifiée comme étant Pedro Infante pour maquiller son exécution par les hommes de main du président ?

Ou encore d’une autre personne qui, pour payer une grande dette envers Pedro Infante, se serait sacrifiée pour lui permettre d’échapper au châtiment qui lui semblait promis ?

 

Au-delà de toutes les spéculations à propos de la mort de l’acteur et chanteur mexicain, la seule certitude est que Pedro Infante reste toujours vivant dans le cœur des milliers de fans et admirateurs qui se réunissent chaque année, le 15 avril, pour lui rendre hommage. Parmi les milliers de participants, il y a les amis, les fans, des gens qui s’habillent comme certains de ses personnages et, bien sûr, des mariachis, les musiciens populaires mexicains qui jouent les chansons qui ont fait la renommée de cette icône de la chanson populaire.