Chichén Itzá est le site Maya le plus connu de la péninsule du Yucatán et sûrement au monde. Élue en 2007 comme l’une des sept merveilles du monde moderne, la Pyramide de Kukulcán apparaît sur un grand nombre de brochures touristiques sur le Mexique. Le site, ouvert 365 jours par an, reçoit au minimum 3.500 visiteurs par jour et jusqu’à 8.000 visiteurs par jour en haute saison. Nous vous proposons un guide pratique et un peu d’histoire pour se rendre sur cet incontournable, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Une ville préhispanique du Yucatán
Le site archéologique de Chichén Itzá ne se limite pas à la seule Pyramide de Kukulcán. Ce sont plus de 300 hectares que recouvrent les ruines de la ville préhispanique. Sa fondation remonte à la période classique de la civilisation Maya.
Chichén Itzá signifie “au bord du puit de Itzaes” et se trouve à proximité d’au moins cinq cenotes, ces puits naturels qui parsèment cette région du Mexique et constituent ses principales ressources en eau. Aujourd’hui, situé non loin des stations balnéaires de la Riviera Maya telles que Playa del Carmen, Cancún ou encore Tulum, le site reçoit chaque jour un flux continu de touristes qui viennent lors de tours organisés par les grands complexes hôteliers. Il est toutefois possible de profiter du site sans trop de monde.
Comment s’y rendre de manière indépendante
Le site archéologique se trouve entre les villes de Mérida et de Valladolid, au nord de la péninsule. Chichén Itzá se trouve à 45 kms de Valladolid (40 min en voiture), 120 kms de Mérida (1h30 de trajet) et 140 kms depuis Tulum (2 heures de route). La meilleure solution pour éviter l’afflux touristique est de se lever tôt et de s’y rendre en voiture de location.
En effet, la plupart des excursions proposées par les hôtels de la Riviera partent entre 7h30 et 8h00 du matin et mettent à peu près 3 heures de trajet pour se rendre à Chichén Itzá. En conséquence, jusqu’à 11h, il y a moins de groupes sur le site, et moins de touristes en général ! Dormir le jour précédent à Valladolid permet de réduire le temps de trajet et s’assurer d’être dans les premiers à l’ouverture du site à 8 heures du matin. Un parking surveillé et payant est disponible à l’entrée.
L’autre option est de s’y rendre par les transports en commun depuis les trois villes précédemment citées. La compagnie ADO (+lien), l’une des plus importantes du pays, propose des liaisons depuis Cancún, Playa del Carmen et Tulum. Les bus de cette compagnie sont sûrs, confortables, équipés de l’air conditionné et d’une prise pour recharger les appareils électroniques. Pour réaliser des économies, il est conseillé d’acheter son ticket à l’avance. L’arrêt de bus, à l’aller comme au retour est situé juste à l’entrée du site, permettant un accès facilité pour les personnes à mobilités réduites.
Les conseils sur place
La visite de Chichén Itzá se fait très souvent sous la forme d’un tour organisé d’une journée avec le déjeuner inclu dans l’excursion.
Pour les visiteurs faisant la visite par leurs propres moyens, il est conseillé d’emmener avec soi son déjeuner. Même si le site compte des restaurants et des bars, les prix sont largement plus élevés que dans le reste du Mexique pour une qualité laissant à désirer. Par ailleurs, il est important d’entrer sur le site avec des réserves d’eau. Pour parcourir l’ensemble des ruines, il faut compter trois heures complètes et le site ne possède que peu d’endroits pour faire des pauses à l’ombre. Le soleil et la chaleur étant particulièrement forts, il ne faut pas oublier un chapeau, des lunettes de soleil et de la crème solaire !
Aussi est-il également préférable de porter des chaussures adaptées et commodes pour la marche. A l’entrée du site, un grand marché regroupe bars et restaurants, guides officiels et non-officiels et vendeurs d’artisanats en tout genre. Comme dans de nombreux endroits très touristiques, pensez à garder bien en vue vos effets personnels.
Un site bien préservé
L’attrait touristique de Chichén Itzá et sa renommée à l’international viennent du haut niveau de préservation du site qui en fait l’un des plus remarquables de la civilisation Maya du fait qu’il est l’un des sites les mieux préservés. C’est une expérience à couper le souffle ! Contrairement à d’autres sites comme Tikal au Guatemala (+lien article 1), la ville n’a pas été abandonnée et engloutie pendant plus d’un siècle par la forêt tropicale. De fait, même pendant la période de la Conquête espagnole, les descendants Mayas ont continué à se rendre sur le site pour réaliser des rituels dans le Cenote sacré et sur la pyramide de Kukulcán, et les populations locales à vivre à proximité du site. En conséquence, Francisco de Montejo, conquistador du Yucatán a voulu faire, sans succès, de Chichén Itzá la capitale de la nouvelle colonie espagnole. Au XIXe siècle, le site suscite l’intérêt des explorateurs et des archéologues. Entre autres, l’archéologue français Désiré Charnay voyage en 1860 au Mexique afin de visiter et photographier les sites Mayas comme Palenque, Izamal, Uxmal et Chichén Itzá. L’exposition des clichés à son retour en France fascine le public parisien à tel point que l’empereur Napoléon III décide d’être le mécène de l’édition de son livre Cités et ruines américaines dans lequel il raconte ses découvertes illustrées de ces plus beaux clichés.
En 1894, Edward Herbert Thompson, archéologue et diplomate étasunien, achète l’Hacienda Chichén qui comprend les ruines de Chichén Itzá. Pendant plus de 30 ans, ce dernier va explorer l’ancienne cité. Il est notamment célèbre pour avoir plonger en scaphandre dans le Cenote Sacré dans lequel il a retiré des eaux de nombreux objets en or, cuivre et jade.
L’Etat essaye de récupérer le site à partir de l’année 1926, en expropriant Thompson, l’accusant d’avoir exploité et fait sortir du territoire mexicain nombres des trésors que regorgeaient le site.
Il faudra attendre 1972 pour que le site soit protégé par la Loi Fédérale sur les monuments et les zones historiques, puis 1986 pour qu’il soit classé comme monuments historiques. Deux ans plus tard, il fait son entrée dans la liste des monuments classés au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Le site de Chichen Itza est l'un des plus importants de la civilisation Maya





Une histoire hors-du-commun
Les premières preuves d’installation à Chichén Itzá remontent à 300 après J.C. Son aménagement et développement commence toutefois durant la période classique tardive de la civilisation Maya. Entre 750 et 900 après J.C., la ville se consolide et s’affirme peu à peu comme une place importante au sein de la péninsule.
Le Xe siècle consacre l’ascension de Chichén Itzá comme capitale régionale qui contrôle le centre de la péninsule jusqu’à sa côte nord.
La ville bénéficie du déclin des Cités-États des Basses Terres du Sud qui dominaient jusqu’alors une vaste partie de la péninsule. En parallèle, les villes de Cobá et Yaxuna, les deux alliées rivales de Chichén Itzá, se retrouvent également en perte de vitesse, jouant à la faveur de cette dernière. Chichén Itzá devient alors une cité qui regroupent des pouvoirs politiques, économiques et religieux importants.
L’opulence du site préhispanique se perçoit notamment dans son architecture et plus particulièrement en admirant la Pyramide de Kukulcán. Le temple, appelé par les Conquistadors espagnols “El Castillo”, était dédié au dieu Maya Kukulcán, le Serpent à plumes. Le temple est élevé au cours du XIIe siècle sur des constructions antérieures. Il répond à une orientation précise et une mathématique en lien avec le calendrier solaire. Lors des équinoxes et du solstice d’été des jeux d’ombres évoquent l’ondulation du corps d’un serpent, le dieu Kukulcán. Autre aspect à noter : le nombre total de marches sur chacun des quatre côtés, représentent le calendrier solaire et l’ensemble de l’architecture symbolise le calendrier maya.
Egalement remarquable, le Cenote sacré, ou Cenote Xtoloc, est un autre centre de rituels religieux : il était le lieu d’offrandes et de sacrifices humains, de nombreux ossements d’enfants ont été retrouvés dans son fond, le bleu de ces eaux représente le sacré dans la symbolique Maya. En face de la pyramide se dresse l’observatoire, également appelé caracol, où les Mayas étudiaient avec précision le mouvement des étoiles. À proximité se tient le plus grand terrain de jeu de balle de la Mésoamérique. Le jeu de balle était un sport rituel qui en se jouant connectait les joueurs avec la mort. Chichén Itzá comptait jusqu’à 13 terrains ! A cela s’ajoute de nombreux temples, comme celui des Guerriers Jaguars ou encore le temple des milles colonnes pour n’en citer que deux. Tous ces éléments confirment l’importance de la métropole préhispanique.
Un déclin progressif
Selon l’interprétation des écrits Mayas de l’époque, Hunac Ceel, empereur de Mayapan (+lien) a conquis Chichén Itzá au XIIe siècle. Selon la coutume en vigueur, les habitants étaient jetés dans le Cenote sacré : s’ils survivaient, ils possédaient alors le pouvoir de prophétie. Lorsque Hunac Ceel s’empara de Chichén Itzá, il n’y eu aucun survivant durant la cérémonie, l’empereur sauta à son tour dans le cenote et quand il sortit, il fit la prophétie de sa propre ascension.
Les archéologues ont mis en évidence que Chichén Itzá n’avait pas été saccagée par Mayapan à cette période, où du moins pas lorsque Chichén Itzá était un centre urbain actif. Ces derniers datent le déclin de la ville comme métropole régionale de la péninsule vers 1100, soit avant l’émergence de Mayapan. Après la chute des élites de la ville, Chichén Itzá n’aurait pour autant pas été complètement abandonnée et des populations locales ont continué de vivre dans les environs.
A couper le souffle, incontournable, hors-du-commun… nombreux sont les adjectifs pour qualifier Chichén Itzá, un site qui mérite sans conteste le détour.
Auteur: Antoine Duriez