Une énigme de la nature

Ces papillons, à la couleur orange prédominante, migrent chaque année sur plus de 4 000 kilomètres, depuis le Canada et le nord-est des États-Unis jusqu’au Mexique pour passer l’hiver. De 100 à 200 millions de papillons se déplacent ainsi à une distance de 120 km par jour.

Cinq générations successives de papillons sont nécessaires pour accomplir ce long périple. La durée de vie moyenne des quatre premières générations est de deux à trois semaines, alors que la dernière génération – celle qui termine la migration- vit environ huit mois !

Il existe différentes hypothèses sur le fait que ces papillons puissent retrouver leur chemin, comme le fait qu’ils soient guidés par la position du soleil, ou qu’ils possèdent un capteur de champ magnétique terrestre, mais aucune n’a été prouvée et l’orientation des papillons monarques constitue l’une des plus grandes énigmes de la nature qui n’a jamais été résolue par les scientifiques.

A la fin du mois de février, c’est la période de reproduction qui commence, alors que les papillons sont pleins d’énergie et ont fait leur réserve nécessaire de graisse. Puis, fin mars, les papillons migrent cette fois vers le Nord.

Le sanctuaire des papillons monarque : la réserve de Michoacán

La Réserve de biosphère du papillon monarque classé Patrimoine mondial par l’Unesco depuis 2008, se trouve dans la région montagneuse et forestière du Michoacán. C’est dans cette forêt de sapins religieux (oyamels : plante qui s’égraine en nahuatl) que les papillons monarques viennent passer l’hiver, car ils trouvent ici le microclimat qui garantit leur survie : ils sont protégés des vents et le taux d’humidité est idéal pour limiter leur dépense énergétique. On trouve aussi des papillons monarques au nord de l’État de Morelos, à l’ouest de l’État de Puebla, dans la forêt qui entoure les volcans Popocatépetl et Iztaccihuatl.

La meilleure période pour voir les papillons monarques correspond aux mois de janvier et de février. Cependant, le parc est ouvert de novembre à mars. Vous pouvez y accéder depuis la ville de Mexico. Il faut alors compter 4 heures de trajet suivies d’une courte randonnée à plus de 3000 m d’altitude, et, une fois sur place, vous serez témoin d’un spectacle irréel : des milliers de papillons recouvrant les arbres et les sols de cette réserve.

 

Des singularités fascinantes

Les papillons synchronisent leur voyage avec la pousse de l’asclépiade, une plante où elles pondent leurs œufs et qui sert d’aliment aux chenilles.

C’est cette même plante qui permet aux papillons monarques de se protéger des prédateurs, car elle contient des substances toxiques pour les vertébrés. Ainsi, si un oiseau mange la chenille, celui-ci sera pris de vomissements et la recrachera aussitôt.

Une espèce protégée

La survie du papillon monarque dépend bien sûr de l’équilibre de son habitat naturel.

Malheureusement, cet équilibre est menacé, à cause notamment de l’exploitation illégale de bois et la déforestation des montagnes du Mexique, et d’autres dangers comme les effets du réchauffement climatique, ou la disparition progressive de l’asclépiade due à l’utilisation massive d’herbicides.

Depuis 2007, le Mexique, les États-Unis et le Canada ont mis en place le Plan Nord-Américain de Conservation du Monarque, afin de réduire ou éliminer la coupe de bois dans les aires d’hivernage du papillon, et protéger son habitat le long des routes de migration, afin de garantir sa reproduction.